En Pièces : résumé du roman

Le jeu du théâtre et des apparences

C’est l’histoire de Julien, petit théâtreux de province, qui vient de perdre sa femme Sarah dans des circonstances dramatiques et banales : un accident de voiture. Cette mort le bouleverse, elle provoque une remise en question de son existence même… Car celle qu’il croyait connaître et aimer est devenue un puzzle, un ensemble de pièces éparses ; à l’image du corps morcelé et calciné de sa femme dont il ne reste que de tristes fragments à la morgue.

 Ces pièces vont permettre à Julien de mener une enquête post mortem sur celle qui est devenue insaisissable. Une enquête, puis une vengeance.

 Sarah la solitaire est désormais réduite à n’être plus qu’un corps en miettes et une entité tout à la fois absente et omniprésente, que Julien se donne pour mission de reconstituer (métaphoriquement), d’abord en enquêtant sur cette inconnue qui l’aurait trompé — avec Raphaël, le beau vendeur de BD, son collègue dans la librairie où elle travaillait. Ce dernier, tout à son chagrin, avoue bien vite avoir été l’amant de Sarah, mais c’est surtout une petite clé qui aiguise la curiosité de Julien : celle d’un journal intime (introuvable) qui devrait enfin lever le voile sur la véritable Sarah et sur la raison de sa mort – accident ou suicide ?

 Afin de capter l’essence de sa femme disparue, Julien n’a pas recours à une enquête rationnelle, mais à la seule chose qu’il sache faire : le théâtre, un art de l’artifice qui lui permettra peut-être de recréer une image stable de Sarah. Le narrateur concocte ainsi un drame et un jeu pervers qui pourra confondre l’amant détesté et l’aider à se venger… Il compose une pièce poignante et mortifère, loin du vaudeville qu’il joue chaque samedi depuis des mois, un drame qui rejoue le réel et s’y superpose en inventant une autre réalité de Sarah et de lui-même. Puisque Julien finit par incarner sa propre femme, par devenir femme afin d’éprouver pour les sentiments de Sarah pour l’amant…

En pièces, roman convaincant, trouble et troublant met en scène une douleur qui ne parvient à s’effacer que par le biais de l’illusion théâtrale – comme pour signifier que seule la fiction, en définitive, par le biais des images et des mots, nous permettrait de vivre...

Blandine Longre
(avril 2006)

 (source : www.sitartmag.com/elsamarpeau.htm)