Recherche au sang : les premières pages

Publié le par EM

 

 

    

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C’était l’été d’avant le tremblement final, l’été d’avant l’Apocalypse, de l’écroulement du monde, le mien, mais n’est-il pas lié, indissociablement, au destin de l’autre ? les signes se ressemblent trop et un homme qui, comme moi, a passé toute sa vie à la campagne sait toujours interpréter les variations du climat, lire les mots que tracent à dessein les volutes des nuages, comprendre à quel point l’alternance des saisons va changer le cours du ciel.

Mon histoire particulière, mon histoire sanglante, elle se tisse en filigrane dans les réseaux secrets de l’univers.

 Cet été-là, la chaleur nous écrasait, mais une chaleur... les tempes de Marie gouttaient, ça faisait des clapotis sur le sol, déjà qu’elle était un peu grasse, en plus par cette chaleur, elle qui avait chaud tout le temps, même au plus froid de l’hiver elle avait le ventre comme une bouilloire, et les pieds aussi – ce qui est rare chez la femme, qui a les extrémités froides – là, comme j’ai dit tout à l’heure, elle suait, s’épongeant le front du revers de la main, le dessus des lèvres, couvert de gouttelettes, levant les bras pour aérer ses aisselles trempées, pendant que je la lorgnais du coin de l’œil, à moitié écœuré, à moitié excité de voir son corps gras, bien portant, d’une blancheur crémeuse, sa peau de rousse, se répandre sur les carreaux de la cuisine.

On était dimanche, la première semaine d’août, ce qui fait qu’on était tous là, Marie, Paul et moi, avec Max, mon épagneul – Marie qui tentait de s’éventer dans la cuisine – elle avait mis en marche l’aspirateur d’odeurs, au-dessus du four, pour voir si ça pourrait pas la refroidir un peu –, Paul allongé sur le canapé, un cône de glace à la main, devant la télévision, et moi qui allais de la cuisine à la salle télé, désœuvré, en attente de quelque chose qui venait pas, venait jamais, un signe, une modification des conditions générales de ma vie.

 

 On était dimanche, par une chaleur écrasante, et comme j’en pouvais plus d’entendre le bruit de l’aérateur d’odeurs, et d’entendre les vociférations de la télévision :

- Attention, Hart ! Cours vite derrière la voiture !

- Ah, je l’ai reçu de plein fouet. Ne te retourne pas. Surtout, jamais plus ne te retourne.

 -  Dépêche-toi : le théâtre.

 -  Arrête, il va nous faire des Picasso.

 -  Coup de chance, il dîne avec sa famille à Portland.

 -  Ce serait pour la prochaine, c’est pas bien grave.

 -  Je commande une pizza.

 qu’il faisait trop chaud pour tant de bruit, et de les imaginer s’agiter derrière leur écran ça me rendait nauséeux, et Marie qui se tordait les bras pour placer ses aisselles le plus près possible de l’aérateur, avec ses grandes dents blanches, ses grandes dents que je croyais presque entendre grincer les unes contre les autres, grincer de chaleur, des essieux mal huilés, alors j’ai attrapé mon fusil au clou, j’ai sifflé Max qui courait dans le champ. Et j’ai claqué la porte.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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D’habitude, je sors rarement l’artillerie en dehors de la saison de la chasse, attendant patiemment derrière ma fenêtre que les feuilles roussissent dans le champ, mais j’avais trop chaud, ce dimanche-là, et la chasse anticipée ça devait commencer dès début août et ces connards-là avaient retardé au quinze, alors c’est comme si j’étais presque dans la légalité ; de toute façon je savais qu’en cas de pépin, Petiot me couvrirait, et surtout les gendarmes de Chilleurs-aux-Bois et Courcy-aux-loges, qui étaient des copains. Pour éviter de trop me faire remarquer, j’ai décidé d’aller voir ce que je trouvais du côté du bois d’en face.

 Notre terrain comprenait une maison, un champ de trois hectares et la lisière du bois – le reste du bois appartenait à une autre propriété, qui restait vide depuis quelques mois. Nous, on avait une grande maison de deux étages : en bas, à gauche quand on rentrait par la route, se trouvait la salle télé, séparée de la pièce principale par un rideau de breloques en plastique blanc, qui teintait à chaque fois qu’on traversait d’une pièce à l’autre ; au centre, c’était une vaste pièce, un peu sombre à cause des fenêtres trop rares, mais garnie de poutres en bois foncé, d’une immense table en chêne et d’une cheminée ; cette salle était prolongée par une « cuisine américaine », ce qui voulait dire que Marie ventilait sa couenne derrière un bar lui arrivant à hauteur de poitrine. Au premier, on avait installé une salle de bains, notre chambre. Une autre pièce servait de débarras pour mes outils et les anciens cahiers de classe de mon Paul. Le deuxième, c’était encore Pompéi – les travaux étaient pas encore finis, malgré qu’à l’époque, on avait la maison depuis vingt-trois ans. Paul y avait fait son nid.

 Si je voulais une maison aussi grande, c’est parce que j’espérais que mon fils nous apporterait une descendance nombreuse – un projet auquel j’attachais beaucoup d’espoir, m’imaginant souvent, moi, en bout de table, le patriarche, veillant au grain, les enfants de mon fils et de son épouse. Ca te paraîtra peut-être idiot, Pierre, mais pour moi, le sens de la vie se résumait à ça, à peu de choses près : une famille, des enfants élevés dans les principes, des garçons avec qui on organiserait d’immenses parties de chasse, et des filles à la longue crinière.

 Dans le champ, j’avais planté trois cerisiers, quatre pruniers dont les fruits à la peau couleur sanglante éclataient sous la dent, découvrant une chair jaune, juteuse, deux noisetiers, trois pommiers, et puis le reste c’était la pelouse que j’avais sué comme un bœuf pour rendre si drue et verdoyante – une de mes fiertés, la raison pour laquelle j’ai un jour fait la folie d’acheter un petit tracteur de quatre mille francs, que Marie a mis quelque temps à digérer. Il faut dire qu’elle remboursait toujours la maison, une ruine qu’on avait achetée pour presque rien à l’époque, avec ce grand terrain, et que j’avais bien retapée pendant ces vingt dernières années. Le bricolage, comme le gros œuvre, ça m’a toujours plu, sans compter que l’aide de Lucien et Antoine nous a été précieuse : ils nous ont fait économiser des sommes pas croyables.

 Je disais donc que le champ était prolongé par un bois assez grand, d’environ quatre à cinq hectares, dans lequel se trouvait un lac où on dénichait à coup sûr des canards et des oies sauvages, et dont la lisière seulement m’appartenait. Le découpage des terres, dans les villes de campagne, ça relève toujours de l’aberration – des parcelles d’un mètre carré de large, striant votre terrain, mais appartenant à un gars qui loge à deux bornes de distance. Des fois, le gars accepte de vous revendre à prix d’or la parcelle qui lui revient, mais qu’il peut pas franchir parce qu’il faudrait piétiner votre terrain, dont vous pouvez lui interdire l’accès ; d’autres fois, il refuse de vous la rendre, rien que pour vous emmerder, et on se retrouve dans des situations pendables ; d’autres fois encore, on veut se porter acquéreur des languettes de terre qui jalonnent son propre jardin, mais le propriétaire a disparu, peut-être mort, il faut alors lancer une procédure coûteuse pour retrouver ses héritiers. Moi, voilà pourquoi j’aime la chasse : la chasse, c’est d’autres lois, d’autres règles, des territoires qui s’étendent au-delà des aberrations administratives – la terre ça se parcellise pas, la terre reste une et indivisible.

 Souvent, il m’arrivait de rentrer dans le bois d’en face et d’aller chasser sur les terrains voisins, mais, avec les gendarmes dans la poche, rien pouvait m’arriver, j’étais comme sur ma propriété – la chasse vous fait entrer dans un autre monde, régi par d’autres lois, et les gens veulent pas le comprendre, des lois où la notion de propriété privée n’entre plus en ligne de compte : le chasseur chasse là où se trouve le gibier, et le gibier choisit pas forcément les frontières tracées sur les actes de vente, on s’en doute, il choisit d’autres frontières, celles d’un monde différent, qui nous appartient durant toute une saison. Les gens se plaignent qu’on tire sur leurs terres, ils nous trouvent dangereux : moi je parle pas pour les autres, c’est vrai que j’aime les armes, le bruit des balles dans le silence des forêts, j’aime viser le canard en vol, ses plumes qui brillent, et le voir tomber dans un nuage de poussière, les grains de poussières couvrant ses ailes d’un voile – certaines ont des plumes bleutées, que je ramenais à Paul quand il était gosse, après ça l’intéressait plus alors je les laissais retomber au sol.

 J’aime aussi la redistribution des richesses et des hiérarchies dont j’ai parlé tout à l’heure, être roi d’un domaine instable, qui change selon les saisons et le hasard, être roi, pas de la terre, mais de sa surface, de ses animaux, de son ciel. Le sentiment d’être plusieurs, forts – j’aimais encore voir les empreintes que formaient nos bottes sur la terre – ma carabine Remington à l’épaule, que je caressais du bout des doigts, son encolure de cygne posée contre ma paume. La beauté du petit matin, de la proie qui tombe, les reflets sur un lac, tout cela existait parce que la mort brillait au bout de nos fusils, et il fallait pas la semer au hasard – vous auriez été rejeté de tous les vrais chasseurs –, il fallait être attentif, parcimonieux, faire des économies de carnage.

 Pour te prouver qu’on n’est pas des viandards, Pierre, je vais te raconter ma première chasse au blaireau : tu verras, je crois que tu comprendras mieux après. Moi, la plupart du temps, je chassais la perdrix, le canard ou le lièvre, plus rarement le sanglier, mais une fois, quand j’avais à peine quinze ans, j’ai participé à une chasse aux blaireaux et ça, c’est un événement dans la vie d’un chasseur, peut-être une étape nécessaire dans notre formation. Grâce à mon oncle, qui était maître d’équipage dans le bocage vendéen, j’ai pu accompagner les déterreurs – car, même si les chasseurs n’emportent pas de fusils, il faut un permis pour la chasse sous terre.

 Après la préparation de la sortie, qui prenait plusieurs jours, tous les déterreurs se donnaient rendez-vous chez mon oncle, munis d’un attelage remorque à l’arrière de leur voiture, où ils déposaient leurs outils – serpeaux, bêches, pelles, raclettes, lampes torches, pinces, sondes, seaux – et des réserves d’eau. La sortie durait une journée, et ça demandait une endurance physique de bête, d’autant que mon oncle pratiquait la chasse sous terre dans les règles de l’art et le respect de l’animal. Pas question pour lui de tirer dans la terre et de dégommer du blaireau à l’arrachée : même si ses méthodes allaient à l’encontre de l’efficacité immédiate, il voulait préserver les belles traditions – sinon, qu’il disait, pourquoi pas abattre le sanglier au lance-roquettes ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon oncle prenait avec lui des fox-terriers au poil dur, des bêtes qu’il connaissait bien, très résistantes : le chien, dans la chasse sous terre, il faut lui rendre justice, c’est la vedette. La traque peut durer des heures, pendant lesquelles il doit continuer à acculer le blaireau jusqu’à ce que le chasseur l’ait localisé et, s’il relâche son attention, le blaireau en profite pour se faire la malle dans une autre galerie et disparaître. Et puis le blaireau, c’est méchant – ça mord, ça griffe – alors le chasseur doit bien faire attention à pas provoquer une attaque du chien, s’il veut éviter de faire couler le sang.  

 Ce jour-là, je m’en souviens, c’était la mi-mai, en Vendée. On était arrivé dans la garenne et, pendant de longs moments, on avait dû éclaircir le terrain, en arrachant les ronces au serpeau, ce qui m’avait paru interminable. Mais la chasse est un apprentissage de patience. Une fois que tout avait été nettoyé, il fallait recouvrir les trous, à mesure qu’on les distinguait, avec des seaux en plastique, qui permettaient de localiser leurs emplacements et qu’il suffisait de soulever pour introduire un chien. A part quand on veut désorienter les bêtes, on n’utilise qu’un chien à la fois pour la chasse sous terre, qu’on lâche selon une position précise par rapport à la garenne, à bon vent.

 Le principe de la chasse sous terre, étant de faire acculer le blaireau avant de le déterrer soi-même, il fallait rester très attentif au chien : quand celui de mon oncle s’est mis à crier, il a fait un signe de la main pour nous donner l’ordre de nous taire. L’œil froncé, il a écouté les cris de sa chienne, puis il a chuchoté : « A sa voix, c’est un blaireautin, qu’elle a déniché. Il doit pas se trouver en face d’elle, sinon elle aurait pas poussé ce cri-là. Le petit doit se trouver dans une galerie trop étroite pour Domi. » Moi, ç’aurait été Dieu ou Sherlock Holmes qui aurait parlé, c’était pareil : j’en restais comme deux ronds de flanc.

 On voulait déjà se mettre à creuser qu’il nous faisait taire à nouveau, tendait l’oreille pour suivre la progression du chien et nous expliquait qu’avec le blaireau, c’est fréquent que la chasse se déplace, qu’on doit rester patients et attendre, des heures s’il le faut, de localiser la bête. Pour la localisation, qui dépendait du lieu où on se trouvait, car la terre et la roche résonnaient pas pareil, mon oncle lançait une sonde en inox – que personne n’avait le droit de lancer à sa place, à cause de sa fragilité – et, après quatre ou cinq coups, il indiquait la galerie où devait se trouver la chienne et la bête, en tête-à-tête.

 On avait commencé à creuser une tranchée, longue d’environ deux mètres, en nous relayant et, une fois la galerie dégagée, quoique pas encore ouverte, mon oncle a essayé de vérifier si le blaireau avait pas filé dans une de ses nombreuses galeries à plusieurs étages, mais tout semblait au mieux : d’après lui, on se trouvait juste au-dessus de Domi, qui continuait à acculer le blaireau. Méfiant, voulant surtout pas provoquer l’accrochage entre les deux animaux, pour pas que sa chienne se blesse, il avait enlevé Domi et là, on l’avait vu prendre le blaireautin à la main, avec une précision, une fermeté et une douceur pas croyables et après, il avait dit ces mots, dont je me souviendrai toute ma vie : « Des blaireaux, il y en a plus beaucoup. Je propose qu’on le gracie. » Les déterreurs applaudissaient. Moi, j’ai pas dit la déception qui me serrait le cœur : des heures qu’on attendait, des heures à se taire, à creuser – j’en avais des cales sur les mains – pour laisser filer la bestiole, alors que je rêvais depuis le matin que l’oncle me donne la peau du blaireau, que j’aurais fait tanner pour faire un couchage à mon chiot. Puis, mon oncle avait repris la parole :

 - Je félicite chacun de vous pour ce bel esprit d’abnégation, qui témoigne de votre amour véritable de la nature. Je vous remercie pour le respect que vous avez montré pour les lois de la chasse... Sans oublier celles de nos dames, qui sont venues et à qui je tire mon chapeau.  

 Après ça, j’espère que les néophytes comprendront que la chasse est le contraire d’une boucherie, que c’est une discipline qui demande du temps, du courage, de la patience, l’amour de la nature, de son chien, de la bête qu’on traque. Mais je dois avouer que les gars comme mon oncle sont des artistes et qu’ils se font rares.

 Je repensais à cette traque avec d’autant plus de nostalgie que la chasse avait entamé une dégénérescence qui s’aggravait davantage à chaque saison, le comité ayant même tiré la sonnette d’alarme l’année précédente :

 « La saison de chasse 2000, cette fois encore, nous laisse un goût amer de déception. Malgré les résultats des comptages de printemps, qui nous donnaient les plus beaux espoirs, le froid et l’humidité du mois de juillet n’auront pas permis la réussite des couvées !

 Le taux de reproduction moyen est estimé à deux petits par poule de printemps. L’attribution accordée et conseillée par le GIC sur le territoire de notre commune est 2,6 fois inférieure à l’attribution de 1999 (c’est très peu).

 En lièvres, même si la reproduction semble moins mauvaise, la densité des oreillards ne permet pas d’accorder plus d’un capucin par chasseur pour cette nouvelle saison. Les chasseurs du Gâtinais ne seront pas gâtés et ce n’est pas encore cette année qu’ils réaliseront les tableaux légendaires du passé.

 Ces temps là sont bien révolus, finies les parties de chasse en rabat. La chasse beauceronne n’est plus ce qu’elle fut.

 L’esprit des Gâtinais doit s’adapter à la préservation du peu de gibier naturel restant sur le territoire. »

 Sans compter que cette année non plus, ça allait pas fort, parce qu’ils nous avaient repoussé l’ouverture de la chasse, et c’était pas nous le plus grave : l’ouverture anticipée au gibier d’eau, qui était prévue pour le dix – je connaissais des gars qui avaient posé leurs vacances exprès à ce moment-là – était repoussée jusqu’au premier septembre dans la Somme, en Loire-Atlantique, en Charente-Maritime et dans les Bouches-du-Rhône. La LPO qui continuait à nous lancer des bâtons dans les roues.

 « La chasse de Beauce n’est plus ce qu’elle fut. » : j’avais toujours gardé cette phrase en mémoire, parce qu’elle sonnait tellement comme un arrêt de mort, alors moi, pour combler le vide de mes heures perdues, je rêvais de grandes forêts, les forêts canadiennes, où le gibier abondait, on savait plus quoi en faire, et les habitants nous remerciaient de les débarrasser un peu des nuisibles, et de contribuer au bon ordre de la nature, à l’écosystème, alors que d’habitude on nous accuse plutôt de le détruire – mais les gens connaissent rien à la chasse.

 J’allais jusqu’à rêver de chasse à l’ours. Un jour, un gars m’avait raconté que son fils revenait du Canada et que là-bas, c’était les grands espaces à n’en plus finir, des arbres millénaires, les parcs dont on voyait pas le bout, que leur pays entier c’était un vaste parc, une réserve naturelle, grouillant d’animaux sauvages, une sorte de paradis des chasseurs. Son fils était allé faire du canoë-camping, comme il disait, ce qui signifie qu’il dormait dans la tente et voyageait le long des lacs la journée, et que la nuit, après avoir entendu du bruit, il était sorti de sa tente et il avait vu un ours en train de dévorer ses provisions, qu’il avait accrochées au sommet d’un arbre. Le petit affirmait qu’il avait pas eu peur – et je le crois, vu les garçons d’ici – mais qu’il avait regretté de pas avoir de fusil pour ramener la dépouille à son père. Alors depuis, moi, je rêvais d’ours noirs, de mon fils et de lacs à perte de vue.    

Publié dans Romans

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