Recherche au sang : résumé/presse

Publié le par EM

Recherche au sang

(éditions Danger Public/Le Félin, 2003)

Dans un hameau du Loiret, PHILIPPE, R.M.iste, vit dans le désoeuvrement entre sa femme et son fils. Ses soirées ne sont agrémentées que par les visites de ses amis chasseurs, ses journées par ses parties de chasse. C’est d’ailleurs grâce à cette initiation virile que Philippe entend retrouver l’affection de son fils, PAUL, qui vit une adolescence difficile.

 L’arrivée de JULIEN, un jeune homme beau comme une fille, va bouleverser ses projets. Car Philippe commence à nourrir pour lui un désir inavoué, inavouable (aux autres comme à lui-même). Il l’observe à la jumelle, posté derrière sa fenêtre, puis s’enhardit jusqu’à l’inviter chez lui avec ses amis. Là, Julien apprend aux hommes à jouer aux cartes. Cependant, rien ne peut calmer leur méfiance envers celui qui reste le « Parisien », « l’étranger », un homme de la ville. D’ailleurs, chacun s’interroge sur les raisons qui ont poussé Julien à venir "s’enterrer" dans leur hameau.

 On lui reproche aussi, surtout FRANCOIS, la forte tête du groupe, de trop plaire aux femmes. Habituées aux relations machistes, un rien brutales, avec leurs époux, ces dernières goûtent particulièrement les manières douces et charmeuses de Julien. Seul Philippe ignore cette jalousie, lors même que le Parisien lorgne particulièrement du côté de sa femme MARIE. Sans pouvoir se formuler les raisons de cette indifférence, Philippe laisse Julien approcher Marie, la séduire. Jusqu’à l’étape ultime où Paul et lui la surprennent en train d’embrasser le nouveau venu. Le plaisir par procuration que ressent Philippe échappe totalement à Paul. Ce dernier se rapproche alors de son père et commence à vouer une haine incontrôlable à sa mère.

 Philippe va vivre alors la période la plus heureuse de sa vie. La chasse et le secret l’unissent à Paul. Il voit fréquemment Julien, qui trouve un intérêt particulier à venir chez lui.

 C’est le groupe qui va mettre fin à cette situation et qui, punissant « l’étranger », va entraîner le malheur de Philippe en voulant le venger. Alors que ce dernier ferme les yeux sur l’adultère, qui lui permet de réaliser de façon fantasmatique son désir inavouable, ses amis surprennent Marie et Julien en train de faire l’amour dans une voiture. Ils décident alors de se venger de l’étranger, qui leur a volé leur honneur (car ici, on raisonne collectivement).

 Une soirée de chasse se transforme en chasse à l’homme. Alors qu’il traque « le lapin du crépuscule », Philippe a la surprise de découvrir Julien, que François et Paul ont attiré dans un traquenard. Le Parisien croyait retrouver Marie pour une escapade nocturne ; il se retrouve face à six hommes armés de fusil. Philippe n’a pas le temps d’intervenir. Son fils Paul tire sur le jeune homme. Maquillé en accident de chasse, le meurtre est oublié par les autorités, mais pas par la famille de Philippe : Marie, qui croit Philippe responsable mais garde le silence, Philippe, qui devrait se sentir vengé mais ressent un profond désespoir... Le malentendu s’épaissit jusqu’à la dernière nuit, où l’on fête le mariage d’un des amis de Philippe.

Commentaires

 L’histoire s’ancre dans le monde bien réel du terroir, de la campagne et de la chasse. Il s’agit de recréer l’atmosphère rurale de certains films réalistes (Madame Bovary, Les Chiens de paille).

 Cette peinture réaliste permet d’évoquer le désir et l’absence de communication. Plusieurs thèmes sont ainsi passés en revue, notamment les rapports familiaux, les relations amicales et amoureuses.

 Pour traiter ces thèmes, on adopte le point de vue du chasseur – un personnage prisonnier de ses contradictions, ballotté entre désir et refoulement. Il s’agit de parler des femmes de l’extérieur, à distance. C’est aussi une façon de faire ressentir la violence dont elles font l’objet, leur oppression. Ne jamais permettre de les approcher, de voir à travers leurs yeux. Tout est filtré par le point de vue masculin... mais d’un point de vue qui, à cause de l’homosexualité latente, va se modifier peu à peu. Recherche au sang pourrait, par son atmosphère trouble et masculine, par sa lenteur, se rapprocher de Beau Travail de Claire Denis.

  

Revue de presse

 « Un mystère où se mêlent le désir et la mort » (ArtPress)

 « Une histoire subtile de désirs et de malentendus » (Ouest France)  

 « Un sujet extraordinairement français » (Catherine Clément)

 « On se sent captivé » (Le Pèlerin)

 « Quel beau noir coup de sang ! » (Presse Océan)

 

« Traditionnellement, le roman s’interrogeait sur ce qu’il était convenu de nommer le mystère féminin. Qui est Manon, au fond ? Quelques jeunes romancières n’hésitent pas à inverser le point de vue et demandent : qu’est-ce qu’un homme, en somme ? Prenez-le un peu paumé dans sa campagne, bricoleur fatigué, époux pas très frais, au chômage. Il ne lui reste que son fils et son fusil, quelques copains de chasse aussi, pour maintenir les rites. Et puis un voisin s’installe dans la maison vide, derrière l’étang, un parisien qui sait parler et ne sait pas aller à la chasse. […] C’est un écrivain, un vrai, qui mène l’enquête, la recherche au sang où il faut suivre la bête blessée, d’après les traces sanglantes qu’elle a laissées. »

(Michel Delon, Le Magazine littéraire)

 

Publié dans Romans

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